Salut à tous!
Je vous préviens, ce soir, je vous parle en toute franchise, sans pudeur ni tabou!
En effet, en octobre j'avais, à mon compteur, perdu environ 55kg, et c'est au même moment que j'ai décidé de prendre rendez-vous chez un chirurgien esthétique, afin d'envisager une reconstruction abdominale.
Je vous expliquais alors que l'aspect négatif de cette perte de poids était le fait que ma peau, à un moment donné, et à force de yoyo durant de très nombreuses années, m'avait dit merde, et c'était peu de le dire. Vergetures, graisse qui ne part pas, peau qui pend... c'était vraiment très laid. Très, très laid.
J'avais dans l'idée de débuter le sport, afin de raffermir, mais certaines traces, telles les vergetures, ne disparaissent pas, et elles étaient là, tous les jours, pour me rappeler mon obésité passée.
Lors de ma première visite chez le chirurgien, je lui ai donc expliqué ce que j'attendais, non seulement pour mon ventre, mais aussi pour ma poitrine (trop volumineuse, et cette idée de réduction mammaire trottinait dans ma tête depuis plusieurs années déjà). Après discussion, explications et avoir fait balance entre le pour et le contre, le chirurgien me propose le body-lift.
Au menu : liposuccion des hanches et de la culotte de cheval, puis découpage et rafistolage : on enlève la peau en excès, on charcute découpe et on retend le tout.
Pour la réduction mammaire et redressement de la poitrine (plus que nécessaire, dans mon cas), ça ne pourra se faire en même temps, la peau du ventre devant être tirée vers le bas, alors que celle de la poitrine doit l'être vers le haut (forcément). De plus, le body-lift étant une chirurgie plutôt lourde, et l'intervention longue (dans mon cas, plus de quatre heures), je devais choisir par laquelle commencer.
A mon sens, il était plus logique et plus urgent de s'occuper de mon ventre marqué en premier lieu.
Je suis néanmoins repartie quelque peu déçue par ce rendez-vous : je n'avais pas pu fixer la date de cette intervention. Le chirurgien me demandait, en effet, d'observer un délai de réflexion, parce que l'intervention n'était pas bénigne.
J'étais pourtant décidée : ça me semblait être la solution miracle à mes problèmes d'acceptation de moi, de mon corps, des changements physiques que j'avais vécus, et la fin de mon angoisse permanente au sujet de mon image de moi et de celle que je renvoyais aux autres (et aussi, de mes TCA).
Aussi, la semaine suivante, je l'ai rappelé, et le rendez-vous pour l'intervention a été fixé : le lundi 19 janvier.
S'en sont suivis d'autres rendez-vous (chirurgien, anesthésiste), un stress, mais ce "bon" stress, celui qu'on ressent quand on est excité à l'idée d'un grand événement, des appels à mon assurance hospitalisation, à ma mutuelle, puis surtout une très grosse douleur aux fesses au paiement du devis. La mutuelle prenant en charge uniquement les frais liés directement à l'hospitalisation, pas les honoraires du chirurgien et de l'anesthésiste, il a fallu que je paie cela de ma propre poche.
Et à l'approche du jour J, une seule appréhension : laisser mes chiens et chats pendant les six jours d'hospitalisation, sans les voir, sans les entendre, sans pouvoir être auprès d'eux.
Je n'étais pas particulièrement angoissée à l'idée de passer sur le billard, à vrai dire je voyais cela comme l'ultime délivrance, la promesse d'un corps dans lequel j'allais me sentir bien, après au moins dix ans de troubles.
La belle connerie.
Mais n'allons pas trop vite en besogne, je vous explique tout de même l'intervention et mon hospitalisation idyllique.
J'avais encore perdu quelques kilos, si bien qu'au jour de l'opération, j'avais perdu en tout et pour tout 60kg. J'étais décidée, j'étais prête, et c'est au petit matin que j'ai embarqué ma valise dans la voiture, priant pour ne rien avoir oublié, laissant, le coeur gros, mes poilus jusqu'à la fin de la semaine (enfin, quand je dis que je les ai laissés, ils avaient une présence permanente auprès d'eux, tout de même!).
Arrivée à l'hôpital, je me fais enregistrer à l'accueil et on m'indique le service où me rendre. J'accoste une infirmière, qui me montre ma chambre, et me voilà livrée à moi-même, avec une voisine de chambre que je ne connais pas, et aucune idée d'où ranger mes affaires.
Je m'impatiente, je suis à jeun (ni boisson ni nourriture depuis minuit, mais également pas de cigarette!), je suis de mauvaise humeur, ça commence bien. Finalement, on vient prendre mes paramètres, on me dit où m'installer et on me présente une blouse magnifique, ouverte à l'arrière pour plus de visibilité lors des promenades dans les couloirs, ainsi que des bas de contention absolument modernes et élégants.
Me voilà prête, le ventre grondant, tirée à quatre épingles dans mon déguisement pas beau du tout, à attendre dans mon lit. J'attends une heure, deux heures, puis finalement, le chirurgien arrive pour faire les marquages sur la peau. C'est bon signe :
ça va être à mon tour!
Un peu plus tard, on m'embarque, c'est parti pour un nouveau départ! Les infirmiers sont gentils, l'anesthésiste plutôt pas mal, je m'endors paisiblement, j'ai hâte.
Je me réveille, vaseuse, des heures plus tard, et dois patienter encore un moment avant d'être ramenée dans ma chambre.
Je suis somnolente, nauséeuse, un peu douloureuse, et gênée par les perfusions, les pansements, la gaine et... la sonde urinaire (sans pudeur, je vous avais dit!). Je dors mal, une infirmière passe (trop) régulièrement prendre mes paramètres durant la nuit, puis dans la matinée.
Je ne parviens pas encore à manger, j'ai la nausée, je suis fatiguée.
Ma voisine de chambre est, dirait-on, sénile, elle se réveille durant la nuit - me réveillant à mon tour, me parlant en quasi permanence et recevant des visites à toute heure de la journée et de la soirée.
J'ai mal, je ne parviens pas à me reposer suffisamment, ni de jour, ni de nuit, j'ai la nausée en permanence et ma tension chute dès que je me lève, on finira par m'enlever la sonde urinaire au troisième jour, et à me changer de chambre ce soir-là.
Je dors très bien, cette nuit-là, et je parviens à petit-déjeûner le lendemain matin, reposée.
Mes deux nouvelles voisines de chambre sont calmes et sympathiques, je réussis à avaler un peu de mon déjeûner, et une amie m'apporte à dîner le soir.
Oui parce que bon, parlons-en des repas à l'hôpital! J'ai eu la chance de finalement obtenir des repas plus ou moins végétaliens : au matin, du pain et de la confiture, le midi de la soupe (spéciale pour personnes allergiques, donc sans matières grasses, sans assaisonnement, juste des légumes et de l'eau, mixé), une céréale (une fois du blé, les autres jours du riz) avec une portion de crudités (tomates ou carottes râpées - sans assaisonnement) et une portion de légumes cuits (des carottes, qui sentaient le beurre, j'ai préféré ne pas trop m'aventurer), et le soir, de la soupe, du pain et de la confiture, encore.
J'avais pris soin d'emmener divers aliments : des yaourts au soja nature, des conserves de fruits, du Sojami à tartiner, des biscuits, des crèmes dessert au soja, des petites briques de lait de soja aromatisé (vanille et chocolat), de la pâte à tartiner au chocolat noir.
Au final, je me sentais tellement nauséeuse en quasi permanence que je n'ai rien su manger jusqu'au jeudi (et encore, avec grande prudence), où je me suis contentée du pain et de la confiture au matin, de riz cuit et d'une crème dessert au soja fournie par l'hôpital, et - heureusement - du repas bon, sain et équilibré (des spaghetti à la bolognèse de soja) apporté par mon amie (que je profite de remercier du plus profond de mon coeur, coucou :-) ). J'avais tout de même su manger, entre le lundi et le jeudi matin, quelques biscuits que j'avais emmenés.
Le vendredi, le petit-déjeûner était, à nouveau, plus compliqué à faire passer, je me suis donc abstenue de manger mes deux tranches de pain. J'ai mangé la soupe du midi, puis les nausées sont passées et j'ai pu manger le repas du soir, à nouveau apporté par mon amie : des falafels et un mélange de légumes (dans mes souvenirs, patate douce, panais, pâtisson) avec échalotes et mélange d'oléagineux. Un délice, qui est passé sans encombres.
C'est également à partir du jeudi - journée où tout allait enfin mieux - que les douleurs se sont estompées pour ne presque plus se manifester et que j'ai pu réellement marcher sans risquer de me tuer en tombant. Ma tension était certes toujours basse, mais les vertiges étaient moins présents, à condition de me lever tout en douceur.
Au-delà de l'aspect physique, je m'ennuyais ferme. La télévision et le Wi-fi étaient payants, aussi je me contentais de lire et de jouer sur mon portable (qui, heureusement, me permettait de surfer un peu sur le net, à l'occasion), de me reposer et d'attendre les visites quotidiennes.
Mes poilus me manquaient horriblement, et j'avais l'impression que les journées n'en finissaient pas.
Les infirmiers étaient toujours présents et sympathiques, mon chirurgien et l'anesthésiste sont venus également plusieurs fois, mais je ne me sentais pas écoutée.
Je me plaignais des nausées depuis le lundi soir, je n'ai eu, en tout et pour tout, qu'un seul médicament pour ça... le vendredi. Ce n'est pas faute d'en avoir parlé, de laisser mes plateaux-repas intacts, on me disait que c'était peut-être simplement "psychologique".
Je me suis souvent sentie un peu... désespérée, pas prise au sérieux, et quand on est convalescent, qu'on souffre et qu'on se retrouve diminué de toutes ses fonctions, on n'a plus que ses yeux pour pleurer. Et c'est ce que j'ai fait. Beaucoup.
Parce que je voulais rentrer, parce que je m'ennuyais, parce que mes problèmes de tension n'arrangeaient absolument pas les choses, parce qu'on ne voulait pas me croire quand je disais que les nausées étaient bien là, et qu'elles m'empêchaient réellement de manger, et que ça n'était ni un caprice, ni dans ma tête.
Je ne vous explique pas à quel point, le samedi matin, quand le chirurgien est venu et m'a annoncé que je pouvais sortir sur le champ, j'ai été soulagée. Soulagée de rentrer voir mes poilus, de ne plus être alitée et m'ennuyer, puis de pouvoir recommencer à cuisiner de bonnes choses dont j'aurais envie.
Je suis rentrée à la maison, et j'ai mangé. Sans nausées, j'ai mangé ce midi-là, ainsi que le soir. A croire que l'air de l'hôpital me rendait vraiment malade.
Et contrairement à ce qu'a pu croire le personnel médical, ça n'était en rien dû à une quelconque peur de grossir, de manger trop gras, ou que sais-je d'autre.
En revanche, je n'ai pas respecté suffisamment les consignes de mon chirurgien qui étaient d'en faire le moins possible et de me reposer au maximum.
Ce premier week-end à la maison, j'ai voulu faire plein de choses, m'occuper de tout comme je le faisais avant, alléger la charge de travail et de tâches de mon mec qui s'était déjà chargé de tout durant six jours, préparer à manger, être présente pour mes poilus... Et je pleurais, tout le temps. J'avais mal, j'avais très mal alors qu'à l'hôpital, je ne sentais que très peu la douleur. Je prenais des anti-douleurs mais rien n'y faisait. Ca tirait, je sentais que c'était gonflé, j'appréhendais chaque geste, chaque mouvement, ma tension allait un peu mieux mais j'étais épuisée, je me couchais le soir en pleurant toutes les larmes de mon corps, et j'ai finalement compris qu'il fallait que je ralentisse.
Le plus dur n'a finalement pas été l'intervention, ni le séjour à l'hôpital, et encore moins ce premier week-end à la maison.
Le plus dur, ça a été de me rendre compte que j'avais placé tellement d'espoir, trop d'espoir dans cette intervention.
Je pensais qu'à mon réveil, je me sentirais bien. Qu'enfin, j'arrêterais de me trouver trop grosse, moche, pas attirante. Que j'allais respirer la joie de vivre et cesser enfin de penser à mon corps que je détestais depuis presque toujours. Que je serais contente de l'avoir fait, que ça en valait la peine, que les résultats seraient visibles de suite.
Sauf qu'au final, il n'en est rien. Evidemment, le fait d'être obligée de me reposer et d'en faire le moins possible (pas ou très peu de ménage, aucun exercice physique [non, ce type d'exercice physique-là non plus], pas de promenades avec les chiens) joue grandement. Je me sens inutile et coupable de voir tout le monde s'activer autour de moi, et de rester là, toute la journée, sur mon canapé. Alors j'essaie de faire quelques petites choses, du genre cuisiner, histoire de dire qu'au final, je ne sers pas à rien du tout. Mais ça, encore, c'est gérable.
Le plus difficile, le truc que je n'arrive pas à gérer encore, c'est l'aspect "psychologique", que j'avais totalement mis de côté en envisageant l'intervention. On a beau m'avoir retiré 2kg, ce lundi-là, je me sens toujours grosse. Obèse, en fait. Je ne vois aucun changement, ni dans mes vêtements, ni dans mon corps, et encore moins dans ma tête. Je dois porter une gaine H24, ainsi que des bas de contention, je ne parviens pas à m'épiler ni à prendre une douche (ma tension chute systématiquement lorsque je suis debout, sans gaine), j'ai perdu la plupart des sensation des fesses, du haut des cuisses, des hanches et du ventre (ce qui est plutôt désagréable), je ne me sens ni belle, ni désirable, ni amincie. Là, tout de suite, j'ai l'impression que tout ça n'a servi à rien du tout.
Alors j'essaie de me convaincre en me disant que c'est normal, c'est encore gonflé, il faut du temps pour que tout ça ait son aspect définitif, et que forcément, ne pas pouvoir baiser avoir de relations sexuelles joue aussi grandement dans le fait que je ne me sente pas "désirée" (ça plus le fait que je manque cruellement de câlins parce que "peur de me faire mal" - youhou, je ne suis pas en sucre, merde!), et que porter gaine et bas de contention, ça n'aide absolument pas à se sentir jolie.
J'essaie de me donner un peu de temps pour accepter tout ça. Là, c'est encore plutôt galère.
Je vous propose de revenir ultérieurement sur mon évolution, l'article risquerait d'être très long si je vous contais tout d'un seul coup!
J'ai été sympa, je vous ai évité les photos dégueûlasses, l'explication de la cicatrice qui fait le tour de mon corps et mon fake-nombril qui me répugne au plus haut point rien qu'à l'imaginer, mais je reste disponible par mail si vous souhaitez plus d'informations (je précise toutefois que je n'enverrai pas de photos ;-) ).
A bientôt!